Feu Femme Piscine
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Feu Femme Piscine

Feu, Femme, Piscine est un recueil de textes courts retraçant les traversées sensorielles et humaines, les pensées, les plongées que mon travail me permet. Ces textes sont en lien avec des feux d’artifices vécus, des femmes rencontrées et des piscines où l’on s’est plongé.

Les textes sont toujours dans mon travail comme l’œuf ou la poule de mes objets. On a beau me demander s’ils arrivent avant ou après, je n’arrive pas à diviser les choses, elles arrivent, se baladent et interviennent.

 

 

 

EXTRAITS

 

GÉNÈSE et SUITE

Chaque instant, mon père se retournait pour nous dire “ C’est le bouquet les filles! ”. 

Ce n’était jamais le bouquet jusqu’au bouquet justement. Dès que les feux s’excitaient, que les bruits s’intensifiaient, la joie montait. Ce moment fait presque peur. Était-ce le bouquet? Je veux dire LE bouquet? Le bon? Le vrai? Le bouquet est une question de bruits et de couleurs. À chaque fois qu’il disait “ C’est le bouquet! ”, ça ne l’était pas, et pourtant il repartait en avant sans perdre espoir. L’espoir persiste lorsque l’on connait la fin. On décuple la joie en quelque sorte. 

Je me demande toujours si c’est le bouquet ou si ça pourra être mieux.

 

LE FEU D’ANGOULÊME

Le 14 Juillet 2015, je regarde le feu d’artifice à Angoulême où je vis depuis 3 ans.

Près de moi se trouve un père qui dit toutes les deux minutes à son fils “c’est le bouquet”, ce n’est jamais le bouquet et pourtant, chaque bouquet pourrait en être un. Je me rends compte de plusieurs choses alors. 

Tout d’abord, je pense à mon père. Cela m’émeut. Je revois ces moments joyeux passés avec mes soeurs à se moquer de lui. Il continue de nous dire “ c’est le bouquet “ après toutes ces années et n’a pas abandonné sa joie devant les feux. 

Ensuite, je pense à ce moment, cet instant. Je vois autour de moi ces gens rassemblés et cela m’émeut une fois de plus. Nous sommes là ensemble, juste pour contempler, regarder, apprécier. Nous observons une chose que nous trouvons belle dans le simple but de partager cela. Cela m’émeut une troisième fois. 

Enfin, je regarde ces couleurs, je regarde la lumière percer l’obscurité, je suis émue une quatrième fois. Ce jour-là, je décide de peindre des feux d’artifices et de quitter Angoulême pour toujours. 

 

LA PISCINE DE CHAMPAGNAC

Il faisait nuit, il était interdit de se baigner. Les piscines municipales excluent  les baignades furtives nocturnes. On était un groupe de jeunes adolescents, on est juste passé par dessus un petit grillage. On a plongé. On rigolait fort.

La lumière s’est tout à coup allumée. Nous sommes sortis de l’eau, avons jeté tout le mobilier en plastique de l’établissement dans le bassin. Nous avons courru très vite. 

 

SECRET

J’ai peur du  fond de la piscine quand  il y a une impureté architecturale. Par exemple, une grande plaque métallique casse la géométrie des carreaux. J’ai l’impression d’apercevoir le néant.